Page:Goethe-Nerval - Faust Garnier.djvu/344

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Voyez-vous qu’il y revient encore ! « Comme je vais me jeter sur toi, et te faire tenir tranquille !… » Oh ! oh ! ce vieux bâton se fend en craquant !… C’est vraiment bien fait : le voici en deux, et, maintenant, je puis espérer qu’il me laissera tranquille.

Mon Dieu ! mon Dieu ! les deux morceaux se transforment en valets droits et agiles !… Au secours, puissance divine !

Comme ils courent ! Salle, escaliers, tout est submergé ! Quelle inondation !… Ô mon seigneur et maître, venez donc à mon aide !… Ah ! le voilà qui vient ! « Maître, sauvez-moi du danger : j’ai osé évoquer vos esprits, et je ne puis plus les retenir.

— Balai ! balai ! à ton coin ! et vous, esprits, n’obéissez désormais qu’au maître habile, qui vous fait servir à ses vastes desseins. »



LE DIEU ET LA BAYADÈRE.

Nouvelle indienne.


Mahadoeh, le maître de la terre, y descendait pour la sixième fois, afin de s’y faire notre semblable, et d’y éprouver nos douleurs et nos joies. Habitant parmi les mortels, il s’était résigné au même sort ; il voulait observer les hommes, en homme, pour récompenser ou punir. Et, quand il avait, dans son voyage, traversé une ville, humilié quelques grands, élevé quelques petits, le dieu s’en éloignait le soir, et poursuivait sa route.

Un jour qu’il sortait ainsi d’une ville, il aperçut une jeune et jolie fille aux joues toutes roses, dans l’une des dernières maisons. « Bonjour, ma jeune enfant. — Grand merci, seigneur ; veuillez m’attendre, je viens à votre rencontre. — Qui donc es-tu ? — Une bayadère ; et c’est ici ma maison. » Elle s’approche en faisant retentir les joyeuses cymbales, figure autour de lui mille danses variées ; puis se prosterne et lui offre des fleurs.