Page:Goethe-Nerval - Faust Garnier.djvu/391

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
375
SCHILLER

avec émotion l’étonnante nouvelle, et les fait amener devant son trône.

Longtemps il les considère avec surprise. « Votre conduite a subjugué mon cœur… La foi n’est donc pas un vain mot… J’ai à mon tour une prière à vous adresser. Daignez m’admettre à votre union, et que nos trois cœurs n’en forment plus qu’un seul. »




DÉSIR


Ah ! s’il était une issue pour m’élancer hors de ce vallon où pèse un brouillard glacé, quelle serait ma joie !… Là-bas, j’aperçois de riantes collines, décorées d’une jeunesse et d’une verdure éternelles : oh ! si j’étais oiseau, si j’avais des ailes, je m’en irais là-bas sur ces collines !

D’étranges harmonies viennent parfois retentir à mon oreille, échappées des concerts de ce monde enchanté : les vents légers m’en apportent souvent de suaves parfums ; j’y vois briller des fruits d’or au travers de l’épais feuillage, et des plantes fleuries qui ne craignent rien des rigueurs de l’hiver.

Ah ! que la vie doit s’écouler heureuse sur ces collines dorées d’un soleil éternel ! que l’air y doit être doux à respirer ! mais les vagues furieuses d’un torrent m’en défendent l’accès et leur vue pénètre mon âme d’effroi.

Une barque cependant se balance près du bord : mais, hélas ! point de pilote pour la conduire ! — N’importe, entrons-y sans crainte, ses voiles sont déployées… il faut espérer, il faut oser ; car les dieux ne garantissent le succès d’aucune entreprise, et un prodige seul peut me faire arriver dans ce beau pays des prodiges.