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Page:Goethe-Nerval - Faust Garnier.djvu/401

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À SCHMIED


Ode écrite pendant une maladie dangereuse[1].


Mon ami Schmied, je vais mourir ; je vais rejoindre ces âmes sublimes, Pope, Adissons, le chantre d’Adam, réuni à celui qu’il a célébré, et couronné par la mère des hommes.

Je vais revoir notre chère Radikine, qui fut pieuse dans ses chants comme dans son cœur, et mon frère, dont la mort prématurée fit couler mes premières larmes et nous apprit qu’il y avait des douleurs sur terre…

Je m’approcherai du cercle des saints anges, de ce chœur céleste où retentit sans fin l’Hosanna !

Ô bienfaisant espoir ! comme il me saisit, comme il agite violemment mon cœur dans ma poitrine !… Ami, mets-y ta main… J’ai vécu… et j’ai vécu, je ne le regrette point, pour toi, pour ceux qui nous sont chers, pour celui qui va me juger.

Oh ! j’entends déjà la voix du Dieu juste, le son de sa redoutable balance… Si mes bonnes actions pouvaient l’emporter sur mes fautes !

Il y a pourtant une noble pensée en qui je me confie davantage. J’ai chanté le Messie, et j’espère trouver pour moi, devant le trône de Dieu, une coupe d’or toute pleine de larmes chrétiennes !

Ah ! le beau temps de mes travaux poétiques ! les beaux jours que j’ai passés près de toi !… Les premiers, inépuisables de joie, de paix et de liberté ; les derniers, empreints d’une mélancolie qui eut bien aussi ses charmes.

Mais dans tous les temps je t’ai chéri plus que ma voix, que mon regard ne peuvent te l’exprimer… Sèche

  1. Klopstock a fait, depuis, quelques changements à cette pièce. Nous avons adopté la plus courte des deux versions.