Aller au contenu

Page:Goethe-Nerval - Faust Garnier.djvu/405

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

sur la tête des innocents : oh ! ton nom alors est dans toutes les bouches.

Liberté, mère de tous les biens ! n’est-ce pas encore en ton nom qu’ils ont rompu de saints traités en commençant la guerre des conquêtes.

Hélas ! beau rêve doré du matin, ton éclat ne m’éblouit plus ; il ne m’a laissé qu’une douleur, une douleur comme celle de l’amour trompé.

Mais quelquefois, dans un désert aride, il se présente tout à coup un doux ombrage où se délasse le voyageur : telle a été pour moi Corday l’héroïne, la femme-homme.

Des juges infâmes avaient absous le monstre ; elle a cassé leur jugement ; elle a fait ce qu’aimeront à raconter nos neveux, le visage enflammé et baigné de larmes d’admiration.


HERMANN ET TRUSNELDA


TRUSNELDA.


Ah ! le voici qui revient tout couvert de sueur, du sang des Romains et de la poussière du combat ! Jamais Hermann ne m’a paru si beau, jamais tant de flamme n’a jailli de ses yeux !

Viens ! je frémis de plaisir ; donne-moi cette aigle et cette épée victorieuse ! Viens, respire plus doucement et repose-toi dans mes bras du tumulte de la bataille !

Viens ! que j’essuie ton front couvert de sueur, et tes joues toutes sanglantes ! Comme elles brillent tes joues ! Hermann ! Hermann ! jamais Trusnelda n’eut tant d’amour pour toi !

Non, pas même le jour que, dans ta demeure sauvage, tu me serras pour la première fois de tes bras indomptés ; je t’appartins désormais, et je pressentis dès lors que tu serais immortel un jour.

Tu l’es maintenant : qu’Auguste, dans son palais su-