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Page:Goethe-Nerval - Faust Garnier.djvu/50

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LE BOUFFON.

Cette jeunesse ardente, à ton âme si chère,
Pourrait, dans un combat, t’être fort nécessaire,
Ou bien, si la beauté t’accordait un souris,
Si de la course encor tu disputais le prix,
Si d’une heureuse nuit tu recherchais l’ivresse…
Mais toucher une lyre avec grâce et paresse,
Au but qu’on te désigne arriver en chantant,
Vieillard, c’est là de toi tout ce que l’on attend.

LE DIRECTEUR.

Allons ! des actions !… les mots sont inutiles ;
Gardez pour d’autres temps vos compliments futiles :
Quand vous ne faites rien, à quoi bon, s’il vous plaît,
Nous dire seulement ce qui doit être fait ?
Usez donc de votre art, si vous êtes poëte :
La foule veut du neuf, qu’elle soit satisfaite !
À contenter ses goûts il faut nous attacher ;
Qui tient l’occasion ne doit point la lâcher.
Mais, à notre public tout en cherchant à plaire,
C’est en osant beaucoup qu’il faut le satisfaire ;
Ainsi, ne m’épargnez machines ni décors,
À tous mes magasins ravissez leurs trésors,
Semez à pleines mains la lune, les étoiles,
Les arbres, l’Océan, et les rochers de toiles ;
Peuplez-moi tout cela de bêtes et d’oiseaux ;
De la Création déroulez les tableaux,
Et passez, au travers de la nature entière,
Et de l’enfer au ciel, et du ciel à la terre.