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Page:Gourmont - Muses d’aujourd’hui, 1910, 3e éd.djvu/145

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Nulle n’a dit : « Elle est peut-être moins infâme
Qu’on ne le croit, elle est peut-être une pauvre âme. »
……
J’ai senti la colère ardente m’envahir.
Silencieusement, j’appris à les haïr.

Leurs insultes cinglaient, comme des fouets d’ortie…
Lorsqu’ils m’ont détachée enfin, je suis partie.

Je suis partie au gré du vent, et depuis lors
Mon visage est pareil à la face des morts.

Je n’ai fait qu’effleurer l'œuvre de Renée Vivien, qui se compose d’une douzaine de volumes, mais pourtant j’ai cité assez de ses vers pour qu’on apprenne à en aimer le parfum sobre et la ligne pure. Osons admirer chez elle ce que nous admirons chez Sapho, et comprenons que c’est une très belle sincérité qui s’exprime dans ces vers :

Pour l’Aphroditè, j’ai dédaigné l’Erôs,
Car je n’ai de joie et d’angoisse qu’en elle.