Aller au contenu

Page:Guy de Maupassant - Notre Cœur.djvu/242

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

longtemps, longtemps, de cet air, pour en être imprégné jusqu’à souffrir un peu moins, pour qu’à travers ses poumons il sentît enfin ce souffle frais glisser aussi sur la plaie vive de son cœur, et la calmer !

Il traversa Marlotte, où le cocher lui montra l’hôtel Corot, qu’on venait d’ouvrir et dont on vantait l’originalité. Puis suivit une route entre la forêt à gauche et, à droite, une grande plaine avec des arbres par places et des coteaux à l’horizon. Puis on pénétra dans une longue rue de village, une rue blanche, aveuglante, entre deux lignes interminables de petites maisons couvertes en tuiles. Par places, un énorme lilas fleuri jaillissait au-dessus d’un mur.

Cette rue suivait un étroit vallon qui descendait au petit cours d’eau. Quand Mariolle l’aperçut, il eut un ravissement. C’était un fleuve mince, rapide, agité et tournoyant, qui lavait sur une de ses rives le pied même des maisons et les murs des jardins, tandis que sur l’autre, il baignait des prairies, où des arbres légers égrenaient leurs frêles feuillages à peine ouverts.

Mariolle trouva tout de suite la demeure indiquée, et en fut charmé. C’était une vieille maison restaurée par un peintre qui passa là cinq ans, puis s’en lassa, et la mit à louer. Elle était tout au bord de l’eau, séparée seulement du courant par un joli jardin que terminait une terrasse à tilleuls. Le Loing,