Page:Hall - Les trois chercheurs de pistes, 1886.djvu/4

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Ses cheveux noirs, longs et ondoyants sont à présent couverts de poussière. Dans ses yeux brille un éclair sauvage.

Les lanières de peau de buffle qui l’attachent aux pieux ont pénétré dans ses bras et dans ses jambes et les chairs se sont enflées autour.

Sa bouche est ouverte ; ses dents, remarquablement blanches sont serrées et grincent de temps en temps.

Sa large poitrine se soulève, et ses muscles se gonflent quand il essaye, mais en vain, de briser les liens cruels qui le retiennent prisonnier.

Son mâle visage qui n’indique que vingt ou vingt-deux printemps, est maintenant crispé par l’agonie.

De temps en temps quelques sorte arrivant à lui semblent le percer comme un poignard aigu, et il essaye de regarder dans la direction d’où ils proviennent. À voir l’expression d’angoisse que ces cris produisent sur la figure de cet homme, on croirait qu’ils viennent de quelqu’un qui lui est tellement cher que sa propre agonie n’est rien comparée à l’horrible souffrance qu’il éprouve en les entendant.

Qui pourrait penser, un moment, que la voix d’un tout jeune enfant pouvait être entendue dans un tel endroit ? Et cependant c’était là le bruit qui rompait l’affreuse tranquillité de cette plaine aride, et chaque cri était accueilli par un gémissement de mortelle angoisse par le malheureux qui gisait là.

À dix pieds de la victime liée est étendu un jeune enfant : son petit visage et ses bras délicats sont exposés au soleil brûlant.

Sa robe, ses mains, ses cheveux blonds et bouclés sont noircis par la poussière de la prairie, car il s’est roulé maintes fois par terre, agonisant de faim, de soif et de chaleur. Ses yeux bleus sont maintenant vitrés et ses faibles cris prouvent qu’il en est rendu à un état d’épuisement complet.

Parfois il se soulève un instant et se traîne, sa tête touchant presque terre, vers l’homme gémissant et attaché. Cet homme c’est le père de cet enfant.

— « Dieu » s’écrie-t-il dans son angoisse, « mon agonie est