Page:Hugo Œuvres complètes tome 5.djvu/148

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Ah ! vous restez muets ! vous trouvez surprenant
Que ce bouffon soit père et qu’il ait une fille ?
Les loups et les seigneurs n’ont-ils pas leur famille ?
Ne puis-je avoir aussi la mienne ! allons ! assez !
D’une voix terrible.
Que si vous plaisantiez, c’est charmant, finissez !
Ma fille, je la veux, voyez-vous ! — Oui, l’on cause,
On chuchote, on se parle en riant de la chose.
Moi, je n’ai pas besoin de votre air triomphant.
Messeigneurs ! je vous dis qu’il me faut mon enfant !
Il se jette sur la porte du roi.
Elle est là !

Tous les gentilshommes se placent devant la porte, et l’empêchent.
Marot.

Elle est là ! Sa folie en furie est tournée.

Triboulet, reculant avec désespoir.

Courtisans ! courtisans ! démons ! race damnée !
C’est donc vrai qu’ils m’ont pris ma fille, ces bandits !
— Une femme à leurs yeux, ce n’est rien, je vous dis !
Quand le roi, par bonheur, est un roi de débauches,
Les femmes des seigneurs, lorsqu’ils ne sont pas gauches,
Les servent fort. — L’honneur d’une vierge, pour eux,
C’est un luxe inutile, un trésor onéreux.
Une femme est un champ qui rapporte, une ferme
Dont le royal loyer se paye à chaque terme.
Ce sont mille faveurs pleuvant on ne sait d’où,
C’est un gouvernement, un collier sur le cou,