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Page:Hugo Œuvres complètes tome 5.djvu/156

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Blanche, continuant.

Oui ! le Roi ! Que toujours, pour être vu, je croi,
Il remuait ma chaise en passant près de moi.
D’une voix de plus en plus faible.
Hier, dans la maison il a su s’introduire… —

Triboulet.

Que je t’épargne au moins l’angoisse de tout dire !
Je devine le reste ! —

Il se lève.

Je devine le reste ! —Ô douleur ! il a pris,
Pour en marquer ton front, l’opprobre et le mépris !
Son haleine a souillé l’air pur qui t’environne !
Il a brutalement effeuillé ta couronne !
Blanche ! ô mon seul asile en l’état où je suis !
Jour qui me réveillais au sortir de leurs nuits !
Âme par qui mon âme à la vertu remonte !
Voile de dignité déployé sur ma honte !
Seul abri du maudit à qui tout dit adieu !
Ange oublié chez moi par la pitié de Dieu ! —
Ciel ! perdue, enfouie, en cette boue immonde,
La seule chose sainte où je crusse en ce monde !
Que vais-je devenir, après ce coup fatal,
Moi qui dans cette cour, prostituée au mal,
Hors de moi comme en moi, ne voyais sur la terre
Que vice, effronterie, impudeur, adultère,
Infamie et débauche, et n’avais sous les cieux
Que ta virginité pour reposer mes yeux ! —