Page:Hugo Œuvres complètes tome 5.djvu/375

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je baiserais tes pieds, mon Gennaro ! Oh ! tu ne sauras jamais rien de mon pauvre misérable cœur, sinon qu’il est plein de toi ! — Gennaro, le temps presse, le poison marche, tout à l’heure tu le sentirais, vois-tu ! encore un peu, il ne serait plus temps. La vie ouvre en ce moment deux espaces obscurs devant toi, mais l’un a moins de minutes que l’autre n’a d’années. Il faut te déterminer pour l’un des deux. Le choix est terrible. Laisse-toi guider par moi. Aie pitié de toi et de moi, Gennaro. Bois vite, au nom du ciel !

Gennaro.

Allons, c’est bien. S’il y a un crime en ceci, qu’il retombe sur votre tête. Après tout, que vous disiez vrai ou non, ma vie ne vaut pas la peine d’être tant disputée. Donnez.

Il prend la fiole et boit.
Dona Lucrezia.

Sauvé ! — Maintenant il faut repartir pour Venise de toute la vitesse de ton cheval. Tu as de l’argent ?

Gennaro.

J’en ai.