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Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Choses vues, tome I.djvu/31

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dévote et empanachée de blanc, qui s’était glissée dans la chaire pour mieux entendre, s’était assise sur l’escalier, et balançait béatement la tête, sans se douter qu’un bout de plume mît la cathédrale en rumeur.

Le cardinal était fort prolixe et fort long. Son discours de réception à l’Académie française contient quatre-vingt-treize mille lettres. Il doit pourtant être moins long que celui de M. de Lacretelle aîné qui ne put être prononcé qu’en deux séances.

L’âge, l’ambition, les dignités, les richesses, l’avarice et la gloutonnerie l’avaient éteint. N’étant qu’abbé Maury, il avait eu beaucoup de verve et d’esprit. À l’Assemblée constituante, il s’en prenait volontiers et surtout à Mirabeau. Il le taquinait, le harcelait, le piquait, le persécutait, le tourmentait. C’était le taon de ce taureau. Chaque fois que Mirabeau montait à la tribune, l’abbé Maury s’y élançait après lui. Un jour Mirabeau se retourna et lui dit : — L’abbé, me poursuivrez-vous ainsi jusqu’au tombeau ? — Jusqu’au tombereau, reprit Maury.


(À moi conté hier soir, 23 mai 1842, par MM. Pasquier et Portalis.)