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Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Choses vues, tome I.djvu/354

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cendit dans la salle basse en attendant le départ du navire. Il ne respirait pas, croyant à tout moment se voir reconnu et saisi. Enfin la machine chauffe, les premiers tours de roue battent l’eau. On part. Tout à coup, un cri s’élève du quai et du navire : Arrêtez ! arrêtez ! Le navire s’arrête court. Cette fois, le pauvre diable de ministre se crut perdu.

C’était un officier de la garde nationale qui s’était attardé à faire ses adieux sur le pont, et qui ne voulait pas aller en Angleterre malgré lui. Voyant que le navire s’ébranlait, il avait crié : Arrêtez ! et sa famille lui avait répondu du quai. On mit l’officier à terre et le paquebot partit.

Ce fut ainsi que M. Duchâtel quitta la France et gagna l’Angleterre.

Ce fut également avec un passeport d’Arago au nom de M. Estienne que M. Pasquier quitta Paris. Il gagna Tours et ne s’y voyant pas inquiété, il y resta.

Arago me disait plus tard : — C’est égal, en revenant en France, Duchâtel aurait dû mettre une carte chez moi.