Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Correspondance, tome II.djvu/201

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Quand vous verrez Th. Gautier et Cabarrus[1], dites-leur que je les aime.

Marine-Terrace f. vous embrasse, et Marine-Terrace m. se met à vos pieds. (Voir pour les abréviations le dictionnaire.)[2].


À Madame Luthereau, à Bruxelles.


Lundi 8 mai [1854].

Dites, je vous prie, madame, à M. Luthereau que Jersey l’aime bien. et vous aussi, vous le savez, mais je ne vous le répète pas ; vous avez là quatre charmantes pages dont chaque mot vous le dit[3]. Voilà tout à l’heure deux ans, madame, que je ne monte plus les bonnes marches de la galerie du Prince, que je ne tire plus ma petite clef de ma poche pour entrer au n° 10 et que Miss ne vient plus me souhaiter le bonjour sur l’escalier en remuant la queue de l’air le plus tendre. Deux ans, madame. C’est long, hélas ! Voilà que Bruxelles se perd dans le lointain bleu, et commence à me faire l’effet de Paris. J’en suis presque à prendre Sainte-Gudule pour Notre-Dame et à confondre le passage Saint-Hubert avec la galerie Vivienne. Il me semble qu’on n’est pas exilé où vous êtes. Je me rappelle votre bonne table si cordiale et si gaie, le poêle où je me plongeais jusqu’à la ceinture pour corriger le mal de tête par le brûlement des pieds, et le bon petit magot de Vive l’amour qui faisait faire à madame Raybaud un chef d’œuvre. Dites à tous ces souvenirs que je les aime. Parlez de moi à notre charmant Deschanel, à notre bien cher Yvan, si vous l’avez, à mon toujours aimé poëte van Hasselt, et dites à votre excellent mari de vous embrasser en mon nom de la façon qui vous plaît le mieux.

À vos pieds, madame.

On déposera chez vous de ma part un machin intitulé Discours de l’exil[4].


À Émile Deschanel, à Bruxelles.


Marine-Terrace, dimanche 28 mai [1854].

Vous voilà heureux, cher doux poëte[5] ; et, quoiqu’il pleuve et vente sur ma tête, quoique la brume ait collé du papier gris sur le ciel et sur la

  1. Cabarrus, fils de Mme Tallien, était médecin homéopathe ; il ne s’occupait pas de politique ; disciple de Hahnemann, il se consacrait uniquement à ses malades ; il était l’ami intime d’Émile de Girardin.
  2. Collection de M. Détroyat.
  3. Lettre de Mme Drouet à Mme Luthereau.
  4. Archives de la famille de Victor Hugo.
  5. Émile Deschanel venait de se marier.