Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Correspondance, tome II.djvu/438

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je ne dois pas m’abriter derrière Paul Chenay. Si vous pensez comme moi, vous effacerez ces quatre mots : reproduits par Paul Chenay[1]. Vous pouvez, bien entendu, communiquer ma lettre et ma raison.

Cher grand poëte, je vous serre la main.

Victor Hugo[2].


À Gustave Flaubert.


Hauteville-House, 6 décembre 1862.
Monsieur,

Je vous remercie de m’avoir fait lire Salammbô. C’est un beau, puissant et savant livre. Si l’Institut de France, au lieu d’être une coterie, était la grande institution nationale qu’a voulu faire la Convention, cette année même vous entreriez, portes ouvertes à deux battants, dans l’Académie française et dans l’Académie des inscriptions. Vous êtes érudit de cette grande érudition du poëte et du philosophe. Vous avez ressuscité un monde évanoui, et à cette résurrection surprenante vous avez mêlé un drame poignant. Toutes les fois que je rencontre dans un écrivain le double sentiment du réel qui montre la vie, et de l’idéal qui fait voir l’âme, je suis ému, je suis ravi, et j’applaudis. Recevez donc, monsieur, mon applaudissement. Recevez-le comme je vous l’offre, avec cordialité.

Votre ami
Victor Hugo[3].


À Swinburne[4].


Hauteville-House, 26 déc. 1862.
Monsieur,

J’ai connu seulement à mon retour en cette île, vos deux excellents articles sur Les Misérables. Je suis heureux que ce livre ait appelé l’attention d’un esprit tel que le vôtre, et que vous soyez, vous aussi, sollicité par les questions sociales, préoccupation suprême de notre siècle. Je vous félicite de votre

  1. Ces quatre mots ont été supprimés ; mais, selon le désir de Victor Hugo, les éloges décernés au graveur sont restés.
  2. Archives Spoelberch de Lovenjoul.
  3. Inédite.
  4. Algernon Swinburne, poëte anglais, écrivit plusieurs tragédies, mais son talent, très original, est surtout apprécié pour ses vers. Il fit quelques articles de critique. On trouve, dans la Couronne poétique de Victor Hugo, deux poésies de Swinburne.