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Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Correspondance, tome II.djvu/562

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À Théodore de Banville.


Bruxelles, 17 juillet 1866.

Je viens de lire Gringoire. Vous nous avez fait une œuvre exquise, profondément triste et profondément gaie, comme toute vraie comédie. C’est le sanglot du poëte à travers le rire du philosophe. C’est la destinée humaine soulignée par l’art idéal. Votre Louis XI fait frémir et sourire, et quelle charmante figure de femme entre le roi, ce spectre, et le poëte, cette ombre ! Vos deux ballades sont belles et poignantes.

Je vous remercie, mon poëte, de tous les services que vous rendez à l’idéal. Continuez-moi ce bonheur de vous voir réussir. Merci pour mon nom à côté du vôtre.

Muchissimas gracias, y no olvides que tuyo soy.

Victor Hugo.


À Auguste Vacquerie[1]


Bruxelles, 19 juillet [1866].

C’est moi aujourd’hui, cher Auguste, qui vous donne des nouvelles de tout notre goum. Ma femme a un peu de trouble aux yeux, petite recrudescence sans gravité, mais qui veut du ménagement. Émile Allix va venir passer avec nous quelques jours, et déjà la pensée du médecin diminue le mal. La voici mieux. Pourtant je la remplace, et j’envoie toutes nos tendresses à Villequier, à la maison où vous êtes, et au tombeau où ils sont. Quand vous irez, parlez-leur un peu de moi. — J’aime tout ce que vous aimez ; j’aime tout ce qui vous a pour âme, depuis votre famille jusqu’à votre drame. N’oubliez pas de nous apporter Louis Berteau ; je compte bien que la première représentation s’en fera à Bruxelles, avec vous pour acteur et nous pour public. Le succès de Paris viendra après le succès d’ici. À bientôt cette fête, n’est-ce pas ?

V.[2]
  1. Inédite.
  2. Bibliothèque Nationale.