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LE RHIN.

et des satyres qui soutiennent le blason de Bâle, ciselée aux armes des cantons, incrustée d’étain, de nacre et d’ivoire ; table autour de laquelle méditaient ces avoyers et ces landammans redoutés des empereurs ; table qui faisait lire à ces gouverneurs d’hommes cette solennelle inscription : Supra naturam præsto est Deus. — Elle est, du reste, en mauvais état. La bibliothèque de Bâle est assez mal tenue ; les objets y sont rangés comme des écailles d’huîtres. J’ai vu sur un bahut un petit tableau de Rubens qui est posé debout contre une pile de bouquins, et qui a déjà dû tomber bien des fois, car le cadre est tout brisé. — Vous voyez qu’il y a un peu de tout dans cette bibliothèque, des tableaux, des meubles, des étoffes rares ; il y a aussi quelques livres.

Mon ami, j’arrête ici cette lettre, griffonnée, comme vous le pouvez voir, sur je ne sais quel papyrus égyptien plus poreux et plus altéré qu’une éponge. Voici un supplice que j’enregistre parmi ceux que je ne souhaite pas à mes pires ennemis : écrire avec une plume qui crache sur du papier qui boit.