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Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Histoire, tome I.djvu/448

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parlaient de Pierre Dupont, le chansonnier populaire, qui était venu chez moi demander des armes. Isidore, qui avait été soldat, avait des pistolets et les avait prêtés à Pierre Dupont pour le combat.

Tout à coup ces dames tournèrent la tête et me virent près d’elles, ma fille jeta un cri. – Oh ! va-t’en, me dit ma femme en me sautant au cou, tu es perdu si tu restes une minute. Tu vas être pris ici ! – Madame Paul Meurice ajouta : – On vous cherche. La police était ici il y a un quart d’heure. – Je ne pus réussir à les rassurer. On me remit un paquet de lettres m’offrant des asiles pour la nuit, quelques-unes signées de noms inconnus. Après quelques minutes, les voyant de plus en plus effrayées, je m’en allai. Ma femme me dit : – Ce que tu fais, tu le fais pour la justice. Va, continue. J’embrassai ma femme et ma fille. Il y a cinq mois de cela au moment où j’écris ces lignes. Pendant que je m’en allais en exil, elles sont restées près de mon fils Victor en prison, je ne les ai pas revues depuis ce jour-là.

Je sortis comme j’étais entré, il n’y avait dans la loge du portier que deux ou trois petits enfants, assis autour d’une lampe, qui riaient et regardaient des estampes dans un livre.