Aller au contenu

Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome I.djvu/402

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
388
ODES ET BALLADES.


ESSAIS ET POÉSIES DIVERSES.

CÔTES DE PROVENCE.

Que j’aime à contempler cette mer imposante !
Quand Phébus dans les cieux élève son essor,
Que j’aime à voir briller cette onde éblouissante.
Et ce cristal mouvant se changer en flots d’or !
Tableau majestueux ! en quel vers te décrire ?
Quels pinceaux employer ?… Tombe, impuissante lyre !
Que la seule nature embellisse mes chants.
Je vante la Provence et son heureux rivage.
Et ces sites riants, ces lieux aimés du sage
Que la mer vient baigner de ses flots écumants.
Voyez-vous sur ces bords cette agile hirondelle
Planer, raser la terre, et fuir à tire d’aile ?
Écoutez[1] : les autans commencent à siffler ;
J’entends les monts mugir, je vois l’onde s’enfler ;
La plage retentit, les échos lui répondent.
Et d’un murmure sourd les sombres forêts grondent.


Tournons les yeux ; voyons ces fertiles prairies,
Et ces champs toujours verts et ces plaines fleuries
Où bondissent en paix d’innombrables troupeaux :
Quel spectacle animé ! là, d’une main active,
Le laboureur recueille une moisson tardive ;
Ici, le pâtre, assis à l’ombre d’un ormeau,
Fait répéter aux bois le son du chalumeau ;
Plus loin, l’adroit chasseur cherche et poursuit sa proie.
Tout ressent le plaisir, tout respire la joie !

  1. Ces vers sont imités de ceux-ci des Géorgiques :

    Continuo ventis surgentibus aut freta ponti
    Incipiunt agitata tumescere et aridus altis
    Montibus audiri fragor : aut resonantia longè
    Littora misceri, et nemorum increbrescere murmur.

    (Note du manuscrit.)