Aller au contenu

Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome II.djvu/198

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


L’Angleterre jalouse et la Grèce homérique,
Toute l’Europe admire, et la jeune Amérique
Se lève et bat des mains, du bord des océans.
Trois jours vous ont suffi pour briser vos entraves :
Vous êtes les aînés d’une race de braves,
Vous êtes les fils des géants !

C’est pour vous qu’ils traçaient avec des funérailles
Ce cercle triomphal de plaines de batailles,
Chemin victorieux, prodigieux travail,
Qui, de France parti pour enserrer la terre,
En passant par Moscou, Cadix, Rome et le Caire,
Va de Jemmape à Montmirail !

Vous êtes les enfants des belliqueux lycées !
Là vous applaudissiez nos victoires passées ;
Tous vos jeux s’ombrageaient des plis d’un étendard.
Souvent Napoléon, plein de grandes pensées,
Passant, les bras croisés, dans vos lignes pressées,
Aimanta vos fronts d’un regard !

Aigle qu’ils devaient suivre ! aigle de notre armée
Dont la plume sanglante en cent lieux est semée,
Dont le tonnerre un soir s’éteignit dans les flots,
Toi qui les as couvés dans l’aire paternelle,
Regarde, et sois joyeuse, et crie, et bats de l’aile !
Mère, tes aiglons sont éclos !


II


Quand notre ville épouvantée,
Surprise un matin et sans voix,
S’éveilla toute garrottée
Sous un réseau d’iniques lois,
Chacun de vous dit en son âme :
« C’est une trahison infâme !