Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome II.djvu/383

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Louis quinze fut le coupable,
Louis seize fut le puni !

La peine se trompe et dévie.
Celui qui fit le mal, c’est la loi du Très-Haut,
A le trône et la longue vie,
Et l’innocent a l’échafaud.

Les fautes que l’aïeul peut faire
Te poursuivront, ô fils ! en vain tu t’en défends.
Quand il a neigé sous le père,
L’avalanche est pour les enfats !

Révolution ! mer profonde !
Que de choses, hélas ! pleines d’enseignement,
Dans les ténèbres de votre onde
On voit flotter confusément !

VIII


Charles dix ! – Oh ! le Dieu qui retire et qui donne
Forgea pour cette tête une lourde couronne !
L’empire était penchant, et les temps étaient durs.
Une ombre quand il vint couvrait encor nos murs,
L’ombre de l’empereur, figure colossale.
Peuple, armée, et la France, et l’Europe vassale,
Par cette vaste main depuis quinze ans pétris,
Demandaient un grand règne, et, pour remplir Paris
Ainsi qu’après César Auguste remplit Rome,
Après Napoléon il fallait plus qu’un homme.

Charles ne fut qu’un homme. A ce faîte il eut peur.
Le gouffre attire. Pris d’un vertige trompeur,
Dans l’abîme, fermant les yeux à la lumière,
Il se précipita la tête la première.