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Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome II.djvu/413

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« Le soir, au seuil de sa demeure,
Heureux celui qui sait encor
Ramasser un enfant qui pleure,
Comme un avare un sequin d’or !

« Le vrai trésor rempli de charmes,
C’est un groupe pour vous priant
D’enfants qu’on a trouvés en larmes
Et qu’on a laissés souriant !

« Les biens que je donne à qui m’aime,
Jamais Dieu ne les retira.
L’or que sur le pauvre je sème
Pour le riche au ciel germera ! »


III



Oh ! que l’été brille ou s’éteigne,
Pauvres, ne désespérez pas !
Le Dieu qui souffrit et qui règne
A mis ses pieds où sont vos pas !

Pour vous couvrir il se dépouille ;
Bon même pour l’homme fatal
Qui, comme l’airain dans la rouille,
Va s’endurcissant dans le mal !
Tendre, même durant l’absinthe,
Pour l’impie au regard obscur
Qui l’insulte sans plus de crainte
Qu’un passant qui raie un vieux mur !

Ils ont beau traîner sur les claies
Ce Dieu mort dans leur abandon ;
Ils ne font couler de ses plaies
Qu’un intarissable pardon.