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Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome II.djvu/438

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Il a dit à la mortelle :
— Vite ! éblouis ton amant.
Avant de mourir sois belle.
Sois un instant étincelle,
Puis cendre éternellement ! —

Cet ordre auquel tu t’opposes
T’enveloppe et l’engloutit.
Mortel, plains-toi, si tu l’oses,
Au Dieu qui fit ces deux choses,
Le ciel grand, l’homme petit !

Chacun, qu’il doute ou qu’il nie,
Lutte en frayant son chemin ;
Et l’éternelle harmonie
Pèse comme une ironie
Sur tout ce tumulte humain !

Tous ces faux biens qu’on envie
Passent comme un soir de mai.
Vers l’ombre, hélas ! tout dévie.
Que reste-t-il de la vie,
Excepté d’avoir aimé !

Ainsi je courbe ma tête
Quand tu redresses ton front.
Ainsi, sur l’onde inquiète,
J’écoute, sombre poète,
Ce que les flots me diront.

Ainsi, pour qu’on me réponde,
J’interroge avec effroi ;