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Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome VII.djvu/321

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La jeunesse. Chanson.
La vieillesse. Hymne.

Album 1864.


PRÉFACE DES CHANSONS DES RUES ET DES BOIS.

Est-il permis quand on est vieux d’affirmer qu’on a été jeune ? Le déclin de la vie est-il autorisé à se souvenir du commencement ? La prochaine entrée dans la nuit ôte-t-elle à l’homme le droit de se retourner vers l’aurore ? Si le lecteur répond oui, qu’il n’ouvre pas ce livre. L’auteur a tort.

Album 1864.


LES CH. DES RUES ET DES B.

Que dira-t-on…
D’entendre ce chant d’alouette
Sortir de mon trou de hibou ?

Album 1864.


Saint Augustin dit : ma jeunesse est morte et il la raconte. Peut-on faire comme lui ? Autrement que lui pourtant, et là où il a abouti au mea culpa, nous comprenons qu’on aboutisse au sourire.

Cette morte charmante, sa propre jeunesse, a-t-on |tout près du cercueil soi-même,| le droit de l’évoquer ?

(Sur un fragment de faire-part daté juillet 1865.)


A. év. d’Hippone a dit : ma jeuneße est morte. Tout homme répète après lui ce mot mélancolique. Cette jeunesse morte, peut-on l’évoquer ? Peut-on se faire son propre éditeur posthume ? Le vieillard a-t-il le droit de se souvenir de l’adolescent ? L’auteur l’a pensé. De là ce livre.

(Sur une enveloppe timbrée par la poste : 20 juillet 1865.)


Le poète vieux a-t-il le droit de se souvenir ? Ce que leson passé a écrit, le présent peut-il le publier ?

Une partie de ce livre, c’est la jeunesse.

Cette adolescence est morte comme dit Saint Augustin d’Hippone. L’auteur pourtant lui maintient sa place dans ce livre,recueil, et pour cette partie, aujourd’hui effacée