Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome VII.djvu/72

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La citerne est l’entremetteuse
Du grave mariage hébreu.
Le diable l’emplit et la creuse ;
Dieu dans cette eau met le ciel bleu.

Beaux jours ! Cantique des cantiques !
Oh ! les charmants siècles naïfs !
Comme ils sont jeunes, ces antiques !
Les Baruchs étaient les Baïfs.

C’est le temps du temple aux cent marches,
Et de Ninive, et des sommets
Où les anges aux patriarches
Offraient, pensifs, d’étranges mets.

Ézéchiel en parle encore ;
Le ciel s’inquiétait de Job ;
On entendait Dieu dès l’aurore
Dire : As-tu déjeuné, Jacob ?


II


Paix et sourire à ces temps calmes !
Les nourrices montraient leurs seins ;
Et l’arbre produisait des palmes,
Et l’homme produisait des saints.

Nous sommes loin de ces amphores
Ayant pour anses deux bras blancs,
Et de ces cœurs, mêlés d’aurores,
Allant l’un vers l’autre à pas lents.