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Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome XII.djvu/340

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Crains l'inspiration farouche du désert;
Le désert est tin lieu d'effroi dont Dieu se sert,
Et n'est point fait pour tes études:
Les gouffres ont parfois dévoré les plongeurs;
Ne baigne pas ton front aux immenses rougeurs
Du couchant dans les solitudes.
Crains de rencontrer là ce qu'il ne faut pas voir.
Crains les ascensions vers le haut sommet noir.
Les ombres n'ont rien à te dire.
Cueille ta poésie aux champs parmi les fleurs,
Et ne va pas chercher de l'épouvante ailleurs
Puisque mai consent à sourire.

Crains les rudes coups d'aile et les becs flamboyants.
Crains ces halliers où sont dés êtres effrayants
Qui méditent sans lois ni règles.
Si tu cherchais à prendre au vol dans. ces forêts
Quelque strophe. sauvage et sombre, tu courrais
Des périls de dénicheur d'aigles.

23 août 1874.

== XXXIV