Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome XIV.djvu/114

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XLIII CET ÊTRE EST SI PETIT..


Cet être est si petit qu’il est presque invisible. .
Il a pour fonction’ d’être insecte et nuisible ;
Et, rôdant et glissant dans la nuit de Paris,
Punaise, de piquer le sommeil des proscrits.’
Il est sorti, de là sa senteur ordinaire,
De ce vieux bois de lit appelé séminaire
Où Basile offre à ceux qui veulent sommeiller
Un grabat dont Tartuffe a fourni l’oreiller.
Impur bi-frons, il est jésuite, il est laïque ;
Il arrange avec art l’ouvrage en mosaïque,
Lourd, mais bariolé, stupide, mais faquin,
Et l’on croit voir Prud’homme en habit d’Arlequin.
Il est critique ; il a son tarif et sa taxe,
Et d’autant plus d’aplomb qu’il a moins de syntaxe ;
Il insulté à l’honneur, au devoir accompli ;
Calomnier est simple et ne fait pas un pli ;
C’est ainsi que sans foi, sans probité, sans style,
Et sans talent, on est un misérable utile.
Les pouvoirs forts se font aider, témoin Sylla ;
Et leur luxe est d’avoir de ces vermines-là.
Il n’a qu’un dard ; les seuls vrais monstres ont des griffes.
Fausses lettres, anas tronqués, mots apocryphes,
Tels sont ses trucs, jeux vils où Fréron se souillait,
Et que contre Voltaire inventa Patouillet 62.
Il met sa lâche injure au service du prince.
Il échappe au talon. vengeur, tant il est mince.