Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome XIV.djvu/126

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L’écume se déchire en larges haillons blancs ;
Tous les arbres du-bord de la mer sont tremblants ;
La nature subit l’hiver, ce noir malaise.
L’herbe est mouillée et morte ; au pied de la falaise
Un tumulte d’oiseaux, mauves, courlis, plongeons,
Fourmille et se querelle au milieu des ajoncs ;
Le nuage et le flot font de grands plis farouches’ ;
Et l’on entend, dans l’air plein d’invisibles bouches,
Le Sourd chuchotement du ciel mystérieux ;
L’écueil se tait, témoin tragique et sérieux,
Qui le jour est montagne et la nuit est fantôme,
Et qui, tandis qu’au loin fuit la barque, humble atome,
Regarde vaguement dé ses yeux de granit
Les constellatibns qui rôdent au zénith ;
L’infini balbutie un fragment du cantique
Que dit le Pacifique et qu’entend l’Atlantique ;
Là-bas des voiles vont, Dieu sait où ! dans les vents,
Les vagues, les roulis et lés fracas mouvants,
Et s’enfoncent, par l’ombre au loin diminuées,
Sous la mélancolie énorme des nuées ;
L’océan m’environne avec ses chants, ses cris,
Sa brume, et moi je songe à ce gouffre Paris.

Qu’est-ce que je fais là, près des mers ? Je suis triste.

Et vous vous figurez que votre arrêt existe !
Ah ! nous déchirerons, nous tordrons, nous mettrons
En pièces la sentence atroce sur vos fronts !
Nous vous souffletterons avec votre justice,
Juges ! Il ne se peut qu’un peuple s’abrutisse
Au point de’ croire en’ vous et de vous respecter !
Il faudra bien un jour te laisser confronter,
Code, avec le bon sens, et le bon sens est rude.
Juges ! votre sagesse-est une vieille prude
Qui, pour cacher ses mains nialpropres, met des gants,
Et votre conscience, ô bonzes arrogants,
A laissé bien des fois César trousser sa jupe :