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Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome XIV.djvu/33

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Eh bien, allons ! mentant, pillant, volant, broyant,
Coalisez-vous tous ! que ce soit effrayant !
Nous sommes prêts au deuil, à la mort, au martyre.
Que d’un coup de collier le genre humain s’en tire !
Frappez-nous, percez-nous ! Traversons, s’il le faut,
Avec le dernier camp, le dernier échafaud !
Qu’il soit hideux, devant la terre intimidée,
Ce duel sombre où la force a terrassé l’idée !
Que le passé se rue et morde l’avenir !
Qu’Haynau vienne tuer et Mastaï bénir !
Qu’ils soient les éperviers, Seigneur, et nous les proies !
Que nos poignets gonflés saignent sous les courroies !
Qu’on nous jette à l’exil, au bagne, à la prison !
Que sur le coteau noir, tumeur de l’horizon,
L’affreux gibet, squelette aux sinistres vertèbres,
Se dresse ! Que l’esprit des antiques ténèbres
Risque l’un après l’autre, et tire coup sur coup
Ses monstres de sa poche, et fasse son va-tout,
Et joue en rugissant sur sa dernière carte

IX TRIOMPHE PAS DE BRUME.


Son dernier Nicolas, son dernier Bonaparte !
Oui, crachez vos serments, hurlez vos Te Deums,
Invoquez vos Agnus, vos bons dieux, vos Mahoms !
Que les czars et les-rois et les hommes des sacres
Lancent tous les bourreaux, fassent tous les massacres !
Que nous soyons trahis, vaincus, chassés, brisés,
Et que tous les Judas donnent tous les baisers !
Finissons-en ; voici nos têtes pour le glaive !
Pourvu qu’à l’orient une blancheur se lève !
Pourvu que, dans ses mains tenant tous les flambeaux,