Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome XIV.djvu/38

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


— Tenez, mon président, je vous le dis d’aplomb,
Je trouve, en vérité, que cela devient long.
Cela finit par être un triste dialogue.
Nous faisons à nous deux une lugubre églogue.
Vrai, vous me fatiguez ; mon juge du bon Dieu.
Si nous renouvelions la causerie un peu ? .
Parlons d’astronomie ou bien d’hippiatrique.
Oui, c’est vrai, je me suis servi de cette trique
Assomme-t-on les gens avec ! des éventails ?
Quand vous répéterez sans fin tous ces détails ?
Après ? Bon, j’en conviens, c’est affreux, c’est infâme,
Ce n’est pas bien du tout, j’ai tué cette femme ;
Dans l’ombre, en guet-apens, si vous le préférez.
J’ai de ses cheveux blancs à mes souliers ferrés ;
On voit ces choses-là dans tous les mélodrames.
Est-ce donc bien joli, mon juge, à dire aux dames ?
Nous devrions changer de conversation.
Je l’ai mise en un trou, la belle invention !
Et j’ai pillé la caisse et débouclé la bâche.
Connu. C’est vieux ! D’honneur, mon président rabâche ;
Il faudrait varier dans l’intérêt de 1’art.
Vous ressassez toujours : — C’était dans le brouillard.
— En décembre.- Au sortir.d’un bois. — Un jour de pluie… -
Eh bien, je vous le dis tout net, cela m’ennuie.
Vous n’avez vraiment pas d’imagination.
Et puis, vous y mettez beaucoup de passion.