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Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome XIV.djvu/85

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Il s’assied sous un hêtre ; il murmure J’oublie.
Oubliez. Oublions. — Douce mélancolie ! -
Puis, tendre, il prend sa flûte et soupire : .

Ô proscrits !
Pyrame aima Thisbé. Céphale aima.Procris,
Je vous aime. Accourez. Bannis, je vous appelle.
Amnistie est un mot singulier que j’épelle ;
Je ne sais pas très bien ce qu’il veut dire : Et vous ?
Mais je vous aime. L’ombre est tiède, l’air est doux.
Proscrits, je songe à vous dans ma joie innocente ;
Pour que je sois heureux il faut que je vous sente
Respirer le même air que moi dans les vallons.
Revenez. Je le sais, les jours d’exil sont longs.
Il est temps qu’enfin moi, vous, vos fils, vos compagnes,
Nous allions tous ensemble errer dans les campagnes
Et que nous écoutions sous les mêmes berceaux
Et sous le même ciel le même chant d’oiseaux.
Il est temps que je dise à mon Pinard fidèle
Tiens ! voici le proscrit, et voici l’hirondelle !
Dieu te ramène l’une, et moi l’autre. Exilés,
Prenez la clef des champs dans mon trousseau de clés ;