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Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome XV.djvu/198

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II

L’amour se compose essentiellement de trois sentiments : Admiration. L’objet aimé est beau, noble, rare, supérieur, impeccable, parfait. Adoration. Tout ce qui est lui a quelque chose de divin, tout ce qui vient de lui, tout ce qu’il a touché est charmant et sacré, une boucle de cheveux, un gant, un ruban, un bouquet fané sont des trésors inestimables. Jalousie. L’objet aimé, si on le possède, ou même simplement si on est réduit à le contempler, est un tel bien qu’on ne peut supporter la pensée qu’il puisse être possédé, ou effleuré, ou même convoité par autrui.

Ces trois sentiments peuvent exister en dehors de l’amour, isolément, ou se combiner même avec des sentiments très divers, l’admiration avec la haine, l’adoration avec le sentiment religieux, la jalousie avec l’orgueil. Ils ne prennent alors qu’un côté de l’âme.

Réunis, ils prennent l’âme tout entière, ils la font rayonner comme un soleil dans ce monde mystérieux, l’intérieur de l’homme ; ils sont l’amour.