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LE MANUSCRIT DES MISÉRABLES.


LIVRE PREMIER. — UN JUSTE.


Pas de titres de chapitres au courant du premier livre. Les titres n’existent que sur la copie.

Sur les quatorze chapitres du livre Ier, quatre ont été écrits à partir de décembre 1861 et ne portent pas de lettres alphabétiques. Ce sont les chapitres viii, x, xii et xiv ; le chapitre xiii semble dater, pour une bonne moitié, de 1851 ; les neuf autres sont de la première période, 1845 à 1848.


Feuillet 9. — I. M. Myriel.

Dès les premières lignes du roman, nous constatons une interversion ; cette page, au lieu de commencer la série de l’alphabet, porte la lettre E et débute par une phrase biffée formant suite à un chapitre :


À l’époque où nous nous sommes reporté, M. Charles-François Bienvenu de M.[1].

L’initiale a été biffée et remplacée en marge par le nom de Myriel.


Nous trouverons bien plus loin, comme premier chapitre du livre II, au feuillet 149, la double page chiffrée A placée autrefois en tête 5 elle constitue, avec les doubles feuillets B, C, D, tout le chapitre : Le soir d’un jour de marche.

C’était le premier commencement des Misérables.

Victor Hugo aura pensé qu’il fallait avant tout nous présenter, nous faire aimer l’évêque Myriel avant d’introduire chez lui Jean Valjean.

Ce projet est déjà indiqué sur une feuille volante :


Probablement :

Commencer par Monseigneur Bienvenu.

Puis entamer le drame et le suivre sans interruption.


En nous reportant à la copie du premier chapitre (feuillet 29), nous lisons en marge, de la main de Victor Hugo, ce début raturé :

Il nous est impossible de ne pas étudier avec quelque détail, au début de ce livre, une figure doucement imposante, aujourd’hui effacée après un rayonnement bien modeste, et à peu près disparue dans l’ombre qui commence à couvrir les premières années de ce siècle.

Nous avons dit imposante, ajoutons unique.

Pour trouver quelque chose de pareil à cette figure, il faudrait remonter aux temps, presque fabuleux pour nom, des évêques à la crosse de bois.

Ici, au feuillet 29, commence le numérotage de certains paragraphes ; les ajoutés et les renvois sont si nombreux que Victor Hugo a jugé indispensable de donner des points de repère au copiste qui répète les mêmes chiffres 1, 2, 3, etc., sur sa copie pour faciliter la collation du manuscrit. Les croix, les étoiles, les signes se multiplient d’ailleurs sur le manuscrit, indépendamment des chiffres.

  1. De M. Cette initiale était celle de M. de Miollis, évêque de Digne.