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Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Roman, tome III.djvu/46

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LES MISÉRABLES. — FANTINE.

cette autre note : « Est-ce que je ne suis pas médecin comme eux ? Moi aussi j’ai mes malades ; d’abord j’ai les leurs, qu’ils appellent les malades ; et puis j’ai les miens, que j’appelle les malheureux. »

Ailleurs encore il avait écrit : « Ne demandez pas son nom à qui vous demande un gîte. C’est surtout celui-là que son nom embarrasse qui a besoin d’asile. »

Il advint qu’un digne curé, je ne sais plus si c’était le curé de Couloubroux ou le curé de Pompierry, s’avisa de lui demander un jour, probablement à l’instigation de madame Magloire, si Monseigneur était bien sûr de ne pas commettre jusqu’à un certain point une imprudence en laissant jour et nuit sa porte ouverte à la disposition de qui voulait entrer, et s’il ne craignait pas enfin qu’il n’arrivât quelque malheur dans une maison si peu gardée. L’évêque lui toucha l’épaule avec une gravité douce et lui dit : Nis Dominus custodierit domum, in vanum vigilant qui custodiutit eam. Puis il parla d’autre chose.

Il disait assez volontiers : « Il y a la bravoure du prêtre comme il y a la bravoure du colonel de dragons. » — « Seulement, ajoutait-il, la nôtre doit être tranquille. »