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Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Roman, tome IV.djvu/490

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LES MISÉRABLES. — MARIUS.

Elle baissa la tête, puis d’un mouvement brusque elle tira la porte qui se referma.

Marius se retrouva seul.

Il se laissa tomber sur une chaise, la tête et les deux coudes sur son lit, abîmé dans des pensées qu’il ne pouvait saisir et comme en proie à un vertige. Tout ce qui s’était passé depuis le matin, l’apparition de l’ange, sa disparition, ce que cette créature venait de lui dire, une lueur d’espérance flottant dans un désespoir immense, voilà ce qui emplissait confusément son cerveau.

Tout à coup il fut violemment arraché à sa rêverie.

Il entendit la voix haute et dure de Jondrette prononcer ces paroles pleines du plus étrange intérêt pour lui :

— Je te dis que j’en suis sûr et que je l’ai reconnu.

De qui parlait Jondrette ? il avait reconnu qui ? M. Leblanc ? le père de « son Ursule » ? quoi ! est-ce que Jondrette le connaissait ? Marius allait-il avoir de cette façon brusque et inattendue tous les renseignements sans lesquels sa vie était obscure pour lui-même ? allait-il savoir enfin qui il aimait ? qui était cette jeune fille ? qui était son père ? l’ombre si épaisse qui les couvrait était-elle au moment de s’éclaircir ? le voile allait-il se déchirer ? Ah ciel !

Il bondit, plutôt qu’il ne monta, sur la commode, et reprit sa place près de la petite lucarne de la cloison.

Il revoyait l’intérieur du bouge Jondrette.