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Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Roman, tome V.djvu/329

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FIN DES VERS DE JEAN PROUVAIRE.

basse par les matelas des lits de la veuve Hucheloup et des servantes. Sur ces matelas on avait étendu les blessés. Quant aux trois pauvres créatures qui habitaient Corinthe, on ne savait ce qu’elles étaient devenues. On finit pourtant par les retrouver cachées dans la cave.

Une émotion poignante vint assombrir la joie de la barricade dégagée. On fit l’appel. Un des insurgés manquait. Et qui ? Un des plus chers, un des plus vaillants. Jean Prouvaire. On le chercha parmi les blessés, il n’y était pas. On le chercha parmi les morts, il n’y était pas. Il était évidemment prisonnier.

Combeferre dit à Enjolras :

— Ils ont notre ami ; mais nous avons leur agent. Tiens-tu à la mort de ce mouchard ?

— Oui, répondit Enjolras ; mais moins qu’à la vie de Jean Prouvaire.

Ceci se passait dans la salle basse près du poteau de Javert.

— Eh bien, reprit Combeferre, je vais attacher mon mouchoir à ma canne, et aller en parlementaire leur offrir de leur donner leur homme pour le nôtre.

— Écoute, dit Enjolras en posant sa main sur le bras de Combeferre.

Il y avait au bout de la rue un cliquetis d’armes significatif.

On entendit une voix mâle crier :

— Vive la France ! vive l’avenir !

On reconnut la voix de Prouvaire.

Un éclair passa et une détonation éclata.

Le silence se refit.

— Ils l’ont tué, s’écria Combeferre.

Enjolras regarda Javert et lui dit :

— Tes amis viennent de te fusiller.