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Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome I.djvu/264

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Apercevant le parchemin roulé qui est resté à terre.
Mais voilà son billet... — Que m’écrivait-il donc ? —
Je ne le lirai point. —
Elle regarde le parchemin d’un œil d’envie et de curiosité.
Mais quoi, pas de pardon ?
Pas de pitié ? — Voyons, je le lirais ? qu’importe !

Sauf à le replacer ensuite de la sorte… —

Je lui dois de le lire : il est assez puni !
Elle se précipite sur le parchemin, le dénoue et le déroule.
S’arrêtant.
Lirai-je ? Est-ce mal faire ? — Eh non ! tout est fini
D’ailleurs. — Lisons.
Elle lit.
« Mylord... » Mylord ! quel homme étrange !
Il m’appelait princesse, objet, nymphe, reine, ange ;
Il m’appelle à présent mylord ! — Fou !
Continuant de lire.
— « Tout va bien ! ... »
— Il écrit comme il parle, à n’y comprendre rien.
Tout va bien. — Quoi ? — Suivons :
Lisant.
« Ce soir, à minuit même,
« À la porte du parc présentez-vous. » Il m’aime ;
Voulait-il m’enlever ? —
Lisant.
« Tout le poste est séduit… » —
C’est cela. — L’insolent doutait d’être éconduit ! —
Lisant.
« Le mot d’ordre est donné. Succès sûr. » — Trop modeste !
Continuant.
«... Vous leur direz cologne ; ils répondront le reste... »
— Moins clair. —
Lisant.
« Vous pourrez, grâce à leur concours ami,
Ici sa voix prend un accent de terreur.
« Saisir enfin Cromwell, par mes soins endormi !

« le chapelain du diable. Ah ! que viens-je de lire ?
Sur mes yeux effrayés quel bandeau se déchire !

C’est à mon père seul qu’en veut ce scélérat !
Examinant le papier avec attention.
Voici l’adresse : « À Bloum, au Strand, hôtel du Rat. »