Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome I.djvu/370

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Fit choir pour son réveil tout un temple ennemi ;
Judith, qui triompha d’Holopherne endormi,
Fuyant, parée encor, de la sanglante fête,
Sans perdre un seul joyau sut emporter sa tête.
Mais moi ! qui m’indemnise ? et quel profit réel
Me dédommagera de la mort de Cromwell ?
Ne faut-il pas laisser quelque chose à ma veuve ? —
La question ainsi me semble toute neuve.

Songeons-y ! — Mais voici nos bons amis les saints.
Entrent les puritains conjurés, Lambert à leur tête. Tous, enveloppés dans de larges manteaux, portent de grands chapeaux coniques dont les bords très larges se rabattent sur leurs visages sombres et sinistres. Ils marchent à pas lents, comme absorbés dans des contemplations profondes. Plusieurs semblent murmurer des prières. On voit luire des poignées de dagues sous leurs manteaux entr’ouverts.
SCÈNE IV.
BAREBONE, LAMBERT, JOYCE, OVERTON, PLINLIMMON, HARRISON, WILDMAN, LUDLOW, SYNDERCOMB, PIMPLETON, PALMER, GARLAND, PRIDE, JEROBOAM D’EMER, ET AUTRES CONJURÉS TÊTES-RONDES.
LAMBERT, à Barebone.
Hé bien ?
Barebone, pour toute réponse, lui montre de la main le trône et les décorations royales sur lesquelles les conjurés jettent des regards indignés. Lambert se retourne vers l’assemblée, et poursuit gravement.
— Vous le voyez. Fidèle à ses desseins,
Frères, Cromwell poursuit son œuvre réprouvée.

Westminster est tout prêt ; l’estrade est élevée ;
Et voici les gradins où ce vil parlement
Aux pieds d’un Olivier va tramer son serment.
Profitons pour agir du moment qui nous reste ;
Jugeons cet autre roi. Son crime est manifeste :
Voilà son trône !

OVERTON.
Non. Voilà son échafaud !
Il y sera monté pour tomber de plus haut.

Sa dernière heure, amis, par lui-même est marquée.
Que du tombeau des rois cette pompe évoquée
Soit sa pompe funèbre, et que notre poignard