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Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome I.djvu/431

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CROMWELL.
Que souhaitez-vous donc ?
LORD ORMOND.
Qu’on nous tranche la tête.
Arrière la potence, et ses indignités !

Nous avons tous le droit d’être décapités.

CROMWELL, bas à Thurloë.
Singuliers hommes ! Vois. Point de peur, point de honte.

Jusque sur l’échafaud l’orgueil avec eux monte.
Leur préjugé les suit devant l’éternité ;

Et pour eux le billot est une vanité !
Aux cavaliers avec un sourire railleur.
Je comprends. — En entrant au ciel, il vous importe

Qu’on vienne à deux battants vous en ouvrir la porte ;
Et pour un chanvre impur ce serait trop d’honneur
Que d’étrangler très haut et très puissant seigneur.
Cela pourtant s’est vu. Puis dans vos rangs, mes maîtres,
J’en vois qu’on pendrait bien sans fâcher leurs ancêtres.
Ils n’en ont pas. — Ce juif, ce magistrat bourgeois...

LE DOCTEUR JENKINS.
Je ne suis point jugé. Vous n’avez aucuns droit ;

Pour m’infliger la mort, la prison, ou l’amende.
Je suis libre ; et je lis dans la charte normande :
Nullus homo liber imprisionetur.

LORD ROCHESTER, riant à Sedley.
Bon ! va-t-il lui citer des lois du temps d’Arthur ?
CROMWELL, aux cavaliers.
Messieurs, nous vous tenons ; chefs, lieutenants, complices,

Tous ! — Vous vous êtes pris à vos propres malices.
L’heure a sonné, le bras se lève pour punir.
Or vous choisissez mal le temps pour obtenir
Des faveurs…

LORD ORMOND, l’interrompant.
Des faveurs, monsieur ! À Dieu ne plaise !
Nous réclamons un droit de la noblesse anglaise.