Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome I.djvu/75

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Un page à l’œil de lutin.
— Beau page ! beau page ! alerte !
Où courez-vous si matin.
Lorsque la rue est déserte,
En justaucorps de satin ?


— Bon soldat, sous ma simarre,
Je porte épée et guitare ;
Et je vais au rendez-vous.
Je fléchis mainte rebelle,
Et je nargue maint jaloux.
Ma guitare est pour la belle,
Ma rapière est pour l’époux.


La voix s’interrompt.


On frappe à la porte du fond. Puis la voix reprend :


Mais la noire sentinelle,
Roulant sa sombre prunelle,
Répond du haut de la tour :
— Beau page, on ne te croit guère.
Qui t’éveille avant le jour ?
C’est un rendez-vous de guerre
Plus qu’un rendez-vous d’amour.


On frappe encore plus fort.


LORD ORMOND, se levant pour ouvrir.

Qui chante ainsi ? c’est quelque fou,

Ou Rochester.


Il ouvre et regarde dans la rue.


Lui-même. — Allons, sur son genou

Le voilà griffonnant.


Lord Rochester entre gaiement, un crayon et un papier à la main.



Scène III.


LORD ORMOND ; LORD ROCHESTER, costume de cavalier très élégant et chargé de bijoux et de rubans, sous un manteau puritain de gros drap gris ; chapeau de tête-ronde à grande forme. Sa calotte noire cache mal des cheveux blonds dont une boucle sort derrière les oreilles, suivant la mode des jeunes cavaliers d’alors.


LORD ROCHESTER, avec une légère salutation.
Pardonnez, mylord comte.

J’écrivais ma chanson. — Il faut que je vous conte...


Il se met à écrire sur son genou.

Dieu garde votre grâce ! — À peine y voit-on clair. —