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Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome IV.djvu/27

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De les rendre plus vils en m'avouant hideux,

Et, rompant tout respect, tout frein, tout équilibre,

Moi qui n'étais que roi, je sens que je suis libre!

Tu ne me comprends pas. Ta crainte s'en accroît.

C'est bien. En revoyant demain mon regard froid,

Tu trembleras, doutant et prenant pour un songe

L'ivresse où maintenant devant toi je me plonge,

Fournaise où sous tes yeux brûle et bout mon passé,

Mon rang, mon sceptre, et d'où je sortirai glacé !

Il reprend son chapelet.

Maintenant finissons nos prières.

Gucho, à part, regardant le roi en dessous.


Bon ! prie.

Le Roi


Puis j'interrogerai ce moine.

II se met à dévider son chapelet.

Gucho, le regardant faire, à part.


Momerie!

C'est par là que ce roi finira. Fourbe et dur,

Il ne croit à rien; mais, - quel chaos d'âme obscur! -

Quand il dit un pater, il devient imbécile.

Alors il cède au pape, il vénère un concile.

Tout en heurtant le prêtre, il le craint; il se sent

Poussière sous les pieds de ce hautain passant.

Faisant le signe de la croix.

Ainsi soit-il! Il est libertin, fourbe, oblique,

Menteur, cruel, obscène, athée - et catholique.

Et, tant pis, il aura plus tard ce sobriquet

Le Roi remet son rosaire à sa ceinture et fait signe au prieur d'approcher.

Le Roi, au prieur.


Ici.

Le Prieur avance, les deux mains en croix sur la poitrine, et les yeux baissés.

Si par malheur la franchise manquait

A tes réponses, gare à toi!

{{didascalie|Le Prieur s