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Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome VI.djvu/376

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554 MILLE FRANCS DE RECOMPENSE.

qui ai tant cherché ! Je ne vivais pas, le monde m’enviait, comme c’est étrange, j’étais le désespoir avec une surface de prospérité, des joies, je n’en avais point, je ne pouvais pas sourire, j’avais en moi la nuit de ta destinée, ’qui eût vu ma pensée eût vu une tombe, et tout à coup, au moment où on s’y attend le moins, la main de Dieu s’ouvre et vous rend votre âme. Des privations ! tu as eu des privations ! Vois-tu, ma bien-aimée, nous allons ne plus nous quitter. Tu es la baronne de Puencarral. C’est une chose singulière que de se dire que tout ce que les hommes peuvent imaginer n’est rien puisqu’il y a des événements comme ceux-ci. Vingt ans ! Mais nous allons recommencer. Nous ne sommes pas vieux. Je suis éperdu. Dire que j’allais aller à la Bourse comme à l’ordinaire. Étiennette, c’est toi ! Je t’adore. Et ta pauvre mère, elle est morte. Vois- tu, je suis sûr qu’elle est ici en ce moment. Nous passerons les étés à la campagne. Nous voilà redevenus Etiennette et Cyprien. Je voudrais tout dire à la fois. Mon cœur déborde. Tu verras comme je t’obéirai. Donne-moi tes mains. ÉTIENNETTE.

Ma fille, voilà ton père !

LE BARON DE PUENCARRAL, les étreignant dans ses bras toutes deux. Mon enfant !

Les yeux au ciel.

Oh ! Dieu est bon.

ROUSSELINE, à part.

Diable ! quel incident !

L’œil sur Glapieu.

Qu’est-ce que c’est que cet individu. ? Cela va trop vite. La situation prend le galop. Tout peut se briser. Il n’y a qu’un moyen, prendre les devants. Brusquons de notre côté la conclusion. Haut, au baron de Puencarral.

Monsieur le baron, il m’est impossible de retenir mes larmes... GLAPIEU , à part.

Crocodile !

ROUSSELINE.

Monsieur le baron, à travers ma profonde surprise, en présence d’un si grand événement, et si imprévu, dans l’éblouissement de l’honneur immense et inespéré qui en rejaillit jusque sur moi, monsieur le baron, au