Aller au contenu

Page:Hugo - Actes et paroles - volume 2.djvu/12

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
4
AVANT L’EXIL. — ASSEMBLÉE LÉGISLATIVE.

politiques que soulève cette proposition, quelques mots d’éclaircissement.

Messieurs, j’entends dire à tout instant, et j’ai entendu dire encore tout à l’heure autour de moi, au moment où j’allais monter à cette tribune, qu’il n’y a pas deux manières de rétablir l’ordre. On disait que dans les temps d’anarchie il n’y a de remède souverain que la force, qu’en dehors de la force tout est vain et stérile, et que la proposition de l’honorable M. de Melun et toutes autres propositions analogues doivent être tenues à l’écart, parce qu’elles ne sont, je répète le mot dont on se servait, que du socialisme déguisé. (Interruption à droite.)

Messieurs, je crois que des paroles de cette nature sont moins dangereuses dites en public, à cette tribune, que murmurées sourdement ; et si je cite ces conversations, c’est que j’espère amener à la tribune, pour s’expliquer, ceux qui ont exprimé les idées que je viens de rapporter. Alors, messieurs, nous pourrons les combattre au grand jour. (Murmures à droite.)

J’ajouterai, messieurs, qu’on allait encore plus loin. (Interruption.)

Voix à droite. — Qui ? qui ? Nommez qui a dit cela !

M. Victor Hugo. — Que ceux qui ont ainsi parlé se nomment eux-mêmes, c’est leur affaire. Qu’ils aient à la tribune le courage de leurs opinions de couloirs et de commissions. Quant à moi, ce n’est pas mon rôle de révéler des noms qui se cachent. Les idées se montrent, je combats les idées ; quand les hommes se montreront, je combattrai les hommes. (Agitation.) Messieurs, vous le savez, les choses qu’on ne dit pas tout haut sont souvent celles qui font le plus de mal. Ici les paroles publiques sont pour la foule, les paroles secrètes sont pour le vote. Eh bien, je ne veux pas, moi, de paroles secrètes quand il s’agit de l’avenir du peuple et des lois de mon pays. Les paroles secrètes, je les dévoile ; les influences cachées, je les démasque ; c’est mon devoir. (L’agitation redouble.) Je continue donc. Ceux qui parlaient ainsi ajoutaient que « faire espérer au peuple un surcroît de bien-être et une diminution de malaise, c’est promettre l’impossible ; qu’il n’y a rien à faire, en un mot, que ce qui