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Page:Hugo - Actes et paroles - volume 2.djvu/122

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AVANT L’EXIL. — ASSEMBLÉE LÉGISLATIVE.

Messieurs, il m’est impossible de ne pas faire une remarque que je soumets à la conscience de tous. Votre attitude, en ce moment, contraste étrangement avec l’attitude calme et digne de ce côté de l’assemblée (la gauche). (Vives réclamations sur les bancs de la majorité. — Allons donc ! Allons donc ! — La clôture ! La clôture ! — Le silence se rétablit. L’orateur reprend : )

J’aurais compris qu’on dît : Il faut proclamer plus complétement et développer plus logiquement que ne le fait la constitution les quatre droits essentiels du peuple : Le droit à la vie matérielle, c’est-à-dire, dans l’ordre économique, le travail assuré…

M. Greslan. — C’est le droit au travail !

M. Victor Hugo continuant. — … L’assistance organisée, et, dans l’ordre pénal, la peine de mort abolie ;

Le droit à la vie intellectuelle et morale, c’est-à-dire l’enseignement gratuit, la conscience libre, la presse libre, la parole libre, l’art et la science libres (Bravos) ;

Le droit à la liberté, c’est-à-dire l’abolition de tout ce qui est entrave au mouvement et au développement moral, intellectuel, physique et industriel de l’homme ;

Enfin, le droit à la souveraineté, c’est-à-dire le suffrage universel dans toute sa plénitude, la loi faite et l’impôt voté par des législateurs élus et temporaires, la justice rendue par des juges élus et temporaires… (Exclamations à droite.)

À gauche. — Écoutez ! écoutez !

Plusieurs membres à droite. — Parlez ! parlez !

M. Victor Hugo reprenant. — … La commune administrée par des magistrats élus et temporaires ; le jury progressivement étendu, élargi et développé ; le vote direct du peuple entier, par oui ou par non, dans de certaines grandes questions politiques ou sociales, et cela après discussion préalable et approfondie de chaque question au sein de l’assemblée nationale plaidant alternativement, par la voix de la majorité et par la voix de la minorité, le oui et le non devant le peuple, juge souverain. (Rumeurs à droite. — Longue et vive approbation à gauche.)

Messieurs, en supposant que la nation et son gouvernement fussent vis-à-vis l’un de l’autre dans les conditions