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Page:Hugo - Actes et paroles - volume 2.djvu/137

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LA RÉVISION DE LA CONSTITUTION.

influences et des faits, c’est la république qui est la terre ferme, et c’est la monarchie qui est l’aventure. (Applaudissements.)

Mais l’honorable M. Berryer vous disait hier : Jamais la France ne s’accommodera de la démocratie !

À droite. — Il n’a pas dit cela !

Une voix à droite. — Il a dit de la république.

M. de Montebello. — C’est autre chose.

M. Mathieu Bourdon. — C’est tout différent.

M. Victor Hugo. — Cela m’est égal ! j’accepte votre version. M. Berryer nous a dit : Jamais la France ne s’accommodera de la république.

Messieurs, il y a trente-sept ans, lors de l’octroi de la charte de Louis XVIII, tous les contemporains l’attestent, les partisans de la monarchie pure, les mêmes qui traitaient Louis XVIII de révolutionnaire et Chateaubriand de jacobin (hilarité), les partisans de la monarchie pure s’épouvantaient de la monarchie représentative, absolument comme les partisans de la monarchie représentative s’épouvantent aujourd’hui de la république.

On disait alors : C’est bon pour l’Angleterre ! exactement comme M. Berryer dit aujourd’hui : C’est bon pour l’Amérique ! (Très bien ! très bien ! )

On disait : La liberté de la presse, les discussions de la tribune, des orateurs d’opposition, des journalistes, tout cela, c’est du désordre ; jamais la France ne s’y fera ! Eh bien ! elle s’y est faite !

M. de Tinguy. — Et défaite.

M. Victor Hugo. — La France s’est faite au régime parlementaire, elle se fera de même au régime démocratique. C’est un pas en avant. Voilà tout. (Mouvement.)

Après la royauté représentative, on s’habituera au surcroît de mouvement des mœurs démocratiques, de même qu’après la royauté absolue on avait fini par s’habituer au surcroît d’excitation des mœurs libérales, et la prospérité publique se dégagera à travers les agitations républicaines, comme elle se dégageait à travers les agitations constitutionnelles ; elle se dégagera agrandie et affermie. Les aspirations populaires se régleront comme les passions bourgeoises se sont réglées. Une grande nation comme la