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AVANT L’EXIL.

nal. Soldats ! le plus grand des attentats, c’est le drapeau levé contre la loi.

Ne suivez pas plus longtemps le malheureux qui vous égare. Pour un tel crime, les soldats français sont des vengeurs, non des complices.

Livrez à la loi ce criminel. Soldats ! c’est un faux Napoléon. Un vrai Napoléon vous ferait recommencer Marengo ; lui, il vous fait recommencer Transnonain.

Tournez vos yeux sur la vraie fonction de l’armée française. Protéger la patrie, propager la révolution, délivrer les peuples, soutenir les nationalités, affranchir le continent, briser les chaînes partout, défendre partout le droit, voilà votre rôle parmi les armées d’Europe ; vous êtes dignes des grands champs de bataille.

Soldats ! l’armée française est l’avant-garde de l’humanité. Rentrez en vous-mêmes, réfléchissez, reconnaissez-vous, relevez-vous. Songez à vos généraux arrêtés, pris au collet par des argousins et jetés, menottes aux mains, dans la cellule des voleurs. Le scélérat qui est à l’Élysée croit que l’armée de la France est une bande du bas-empire, qu’on la paie et qu’on l’enivre, et qu’elle obéit. Il vous fait faire une besogne infâme ; il vous fait égorger, en plein dix-neuvième siècle et dans Paris même, la liberté, le progrès, la civilisation ; il vous fait détruire à vous, enfants de la France, ce que la France a si glorieusement et si péniblement construit en trois siècles de lumière et soixante ans de révolution ! Soldats, si vous êtes la grande armée, respectez la grande nation !

Nous, citoyens, nous représentants du peuple et vos représentants, — nous, vos amis, vos frères, nous qui sommes la loi et le droit, nous qui nous dressons devant vous en vous tendant les bras et que vous frappez aveuglément de vos épées, savez-vous ce qui nous désespère ? ce n’est pas de voir notre sang qui coule, c’est de voir votre honneur qui s’en va.

Soldats ! un pas de plus dans l’attentat, un jour de plus avec Louis Bonaparte, et vous êtes perdus devant la conscience universelle. Les hommes qui vous commandent sont hors la loi ; ce ne sont pas des généraux, ce sont des malfaiteurs ; la casaque des bagnes les attend. Vous, soldats, il