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VI

LE SUFFRAGE UNIVERSEL[1]

20 mai 1850.

Messieurs, la révolution de février, et, pour ma part, puisqu’elle semble vaincue, puisqu’elle est calomniée, je chercherai toutes les occasions de la glorifier dans ce qu’elle a fait de magnanime et de beau (Très bien ! très bien !), la révolution de février avait eu deux magnifiques pensées. La première, je vous la rappelais l’autre jour, ce fut de monter jusqu’aux sommets de l’ordre politique et d’en arracher la peine de mort ; la seconde, ce fut d’élever subitement les plus humbles régions de l’ordre social au niveau des plus hautes et d’y installer la souveraineté.

Double et pacifique victoire du progrès qui, d’une part, relevait l’humanité, qui, d’autre part, constituait le peuple, qui emplissait de lumière en même temps le monde politique et le monde social, et qui les régénérait et les consolidait tous deux à la fois, l’un par la clémence, l’autre par l’égalité. (Bravo ! à gauche.)

Messieurs, le grand acte, tout ensemble politique et chrétien, par lequel la révolution de février fit pénétrer son principe jusque dans les racines mêmes de l’ordre social, fut l’établissement du suffrage universel, fait capi-

  1. Ce discours fut prononcé durant la discussion du projet qui devint la funeste loi du 31 mai 1850.

    Ce projet avait été préparé, de complicité avec M. Louis Bonaparte, par une commission spéciale de dix-sept membres. (Note de l’éditeur.)