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Page:Hugo - La Légende des siècles, 1e série, édition Hetzel, 1859, tome 2.djvu/61

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« — Marquis, parle ! ou sinon, vrai comme je me nomme
Empereur des Romains, roi d’Arle et gentilhomme,
Lion, tu vas japper ainsi qu’un épagneul.
Ici, bourreaux ! — Réponds, le trésor ? »

Et l’aïeul
Semble, droit et glacé parmi les fers de lance,
Avoir déjà pris place en l’éternel silence.

Le roi dit : « Préparez les coins et les crampons.
Pour la troisième fois, parleras-tu ? Réponds. »

Fabrice, sans qu’un mot d’entre ses lèvres sorte,
Regarde le roi d’Arle et d’une telle sorte,
Avec un si superbe éclair, qu’il l’interdit ;
Et Ratbert, furieux sous ce regard, bondit
Et crie, en s’arrachant le poil de la moustache :
« Je te trouve idiot et mal en point, et sache
Que les jouets d’enfant étaient pour toi, vieillard !
Çà, rends-moi ce trésor, fruit de tes vols, pillard !
Et ne m’irrite pas, ou ce sera ta faute,
Et je vais envoyer sur ta tour la plus haute
Ta tête au bout d’un pieu se taire dans la nuit.