Page:Hugo - La Légende des siècles, 2e série, édition Hetzel, 1877, tome 2.djvu/136

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Ou quelque saint tombeau pour Sparte et pour ses lois ; L'adolescent hagard se ruait aux exploits ; C'était à qui ferait plus vite l'ouverture Du sépulcre, et courrait cette altière aventure. La mort avec la gloire, ô sublime présent ! Ulysse devinait Achille frémissant ; Une fille fendait du haut en bas sa robe, Et tous criaient : Voilà le chef qu'on nous dérobe ! Et la virginité sauvage de Scyros Était le masque auguste et fatal des héros ; L'homme était pour l'épée un fiancé fidèle ; La muse avait toujours un vautour auprès d'elle ; Féroce, elle menait aux champs ce déterreur. Elle était la chanteuse énorme de l'horreur, La géante du mal, la déesse tigresse, Le grand nuage noir de l'azur de la Grèce. Elle poussait aux cieux des cris désespérés. Elle disait : Tuez ! tuez ! tuez ! mourez ! Des chevaux monstrueux elle mordait les croupes, Et, les cheveux au vent, s'effarait sur les groupes Des hommes dieux étreints par les héros titans ; Elle mettait l'enfer dans l'œil des combattants, L'éclair dans le fourreau d'Ajax, et des courroies Dans les pieds des Hectors traînés autour des Troies ; Pendant que les soldats touchés du dard sifflant, Pâles, tombaient, avec un ruisseau rouge au flanc, Que les crânes s'ouvraient comme de sombres urnes, Que les lances trouaient son voile aux plis nocturnes,