Page:Hugo - La Légende des siècles, 2e série, édition Hetzel, 1877, tome 2.djvu/146

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IV ARISTOPHANE


Les jeunes filles vont et viennent sous les saules ;
Leur chevelure cache et montre leurs épaules ;
L'amphore sur leur front ne les empêche pas,
Quand Ménalque apparaît, de ralentir leur pas,
Et de dire : Salut, Ménalque ! et la feuillée,
Par le rire moqueur des oiseaux réveillée,
Assiste à la rencontre ardente des amants ;
Tant de baisers sont pris sous les rameaux charmants
Que l'amphore au logis arrive à moitié vide.
L'aïeule, inattentive au fil qu'elle dévide,
Gronde : Qu'as-tu donc fait, qui donc t'a pris la main,
Que l'eau s'est répandue ainsi sur le chemin ?
La jeune fille dit : Je ne sais pas ; et songe.
À l'heure où dans les champs l'ombre des monts s'allonge,
Le soir, quand on entend des bruits de chars lointains,
Il est bon de songer aux orageux destins
Et de se préparer aux choses de la vie ;
C'est par le peu qu'il sait, par le peu qu'il envie,
Que l'homme est sage. Aimons. Le printemps est divin ;